Dans la Vallée du Rhône nord, le financement participatif ouvre aussi les portes… des caves

Philippe Verzier et ses deux fils, Maxime et Alexis.
On parle souvent des Groupements Fonciers Viticoles (GFV) pour l’acquisition de parcelles, surtout dans une Vallée du Rhône septentrionale où les prix à l’hectare atteignent vite des sommets. Mais ces montages peuvent aussi servir d’autres ambitions comme l’agrandissement d’une cave, la modernisation d’équipements ou l’accompagnement d’une transmission familiale.
Au Domaine Verzier, à Chavanay, c’est précisément pour répondre à l’un de ces besoins structurants que la famille a choisi de recourir à un GFV.
Un domaine familial en plein passage de relais
Installé depuis 1988 à la tête de cette exploitation, Philippe Verzier a vu son vignoble passer de 2,5 à 17 hectares. L’arrivée successive de ses deux fils, Maxime en 2015 puis Alexis en 2018, a accéléré la dynamique avec de nouvelles plantations. « Planter, c’est une chose, mais encore faut-il pouvoir vinifier dans de bonnes conditions. Pour éviter de sur-endetter le domaine sur 25 ans, il fallait trouver une autre voie », explique Philippe Verzier. Une voie qui passera par Terra Hominis.
Entreprise à mission, Terra Hominis s’appuie sur une communauté de 5 000 associés et une soixantaine de projets soutenus depuis 2011. Leur modèle, permettre à des particuliers de devenir copropriétaires de parcelles via des GFV pour accompagner les domaines viticoles dans leurs installations, transmissions ou agrandissements. « Notre rôle, c’est de préserver la diversité des terroirs et de ceux qui les font vivre », souligne Sébastien Guilbaud, directeur des opérations.
Pour le Domaine Verzier, deux projets d’un hectare chacun en Saint-Joseph ont été montés. Les vignes restent exploitées par la famille, tandis que les associés perçoivent un loyer en bouteilles, dans une logique de plaisir plutôt que de rendement financier. « L’idée n’est pas d’investir pour gagner de l’argent mais de participer à une aventure humaine, à la préservation d’un patrimoine », insiste Sébastien Guilbaud.
Un engouement inédit et révélateur
Les deux opérations ont été bouclées en trois semaines, un record pour Terra Hominis. Au total, ce sont près de 250 associés qui se retrouvent liés au Domaine Verzier à travers ces deux projets. Leur profil? Plutôt des passionnés curieux, souvent proches de la retraite mais rejoints de plus en plus par des couples, des jeunes et davantage de femmes. Samedi 15 novembre, une soixantaine d’entre eux et leurs proches se sont rendus au domaine pour découvrir les lieux, rencontrer la famille Verzier et s’imprégner de sa philosophie. Un moment de partage qui montre comment le financement participatif peut devenir un outil de transition positive pour le secteur viticole.
L’agrandissement de la cave permettra à la sixième génération de poursuivre l’histoire familiale sans fragiliser l’équilibre économique du domaine. Dans une filière en pleine transition, cette opération illustre une voie concrète pour préserver un patrimoine tout en assurant sa viabilité future.
Cécile de Blauwe

